Damacha … Ce sont les trois syllabes qui nous font rêver depuis deux ans déjà et nous l’espérons pour de longues années encore !
D’un point de vue purement technique, c’est un robuste Ketch Bruce Roberts de 38 pieds en acier. Pour ceux qui ne sont pas trop au courant des choses de la voile, voilà ce que ça signifie :
Un Ketch est un voilier composé de deux mats : Le mat le plus grand, qui soutient la grand-voile et les voiles de type génois. Le mat plus petit a l’arrière juste devant le cockpit, aussi appelé mat d’artimon qui porte … l’artimon ! (fyi : les voiliers a un mat sont appelés sloops)
38 pieds : 1 pied = 30,5 cm ce qui fait un total pour notre bateau de 11m58 !
Acier : les voiliers de notre catégorie peuvent être construit grâce à divers matériaux tels que l’aluminium, l’acier, le bois, la fibre de verre, le ferrociment, la fibre de carbone (bon la, pour le tourisme c’est plutôt rare quand même …). On ne va pas rentrer dans le débat de #koikémieux, #koikéleplubo ou #kikaleplugroma, parce qu’il y a autant d’avis que de propriétaires de bateaux et que c’est un débat sans fin. (néanmoins si vous vous sentez d’humeur à balancer du fion en masse, il vous suffit de trainer sur le n’importe quel forum de voile et vous devriez trouver votre plaisir). Bref, les caractéristiques d’une coque en acier : Pour faire simple, c’est solide, ça rouille et c’est lourd ! Ce n’est pas compliqué, notre princesse pèse 11 tonnes et on n’a pas encore fini d’installer tout notre équipement ! Par contre on peut prendre du gros temps, si on ne fait pas trop de bêtises on ne bougera pas et on peut encaisser quelques chocs sans que ce soit dramatique. (Fun facts : lorsque l’on a acheté le bateau, lorsqu’il a été question d’assurer le bateau, Normand, l’ancien propriétaire nous a dit : Si vous prenez un choc assez important pour casser le bateau, vous ne serez plus en état de demander à l’assurance de vous rembourser … du coup on va s’assurer au tiers)
Mais Damacha en plus d’être robuste amène dans son sillage un leg, une nuée d’histoires qui, si besoin il y avait encore, nous procure une source de motivation supplémentaire et surtout une responsabilité vis-à-vis, d’une part de son héritage, et d’autre part de son créateur : Normand Desbien.
Normand est au Quebec une figure de la voile locale, une référence, et si on ne se doutait pas que ça le fâche, on aurait pu même dire que c’est une légende ici.
Quoi de mieux que les posts dans divers forums de voile pour illustrer ce que l’on dit :
Il y a une trentaine d’années les résidents de la rue Martel à Alma, se sont bien demandés quel était ce brou-ha-ha qu’on entendait presqu’à tous les soirs dans l’arrière-cour de Normand Desbien. Un Roberts 38 en acier a-t-il répondu. Je me bâti un voilier pour ensuite partir dans le Sud… Il y a eu bien des sceptiques… comme aurait dit le Capitaine que nous connaissons tous!
Normand était à l’époque soudeur, mécano, menuisier… débrouillard… et n’avait pas peur de l’ouvrage comme on dit dans le coin! Tout ce qu’il faut pour réaliser le rêve qu’il caressait depuis des années. Quelques temps après naquit le Damacha un magnifique Roberts-38 qui faisait l’orgueil de son capitaine. Damacha pris son premier bain dans le Lac St-Jean. Quelques années plus tard ce fut le Saguenay et ensuite le St-Laurent pour y fonder Damacha Yachting une école de voile réputée au Quebec et même dans les Antilles. Normand a été propriétaire de plusieurs voiliers mais il est toujours resté attaché à son Damacha sur lequel il navigue encore je crois.
Si vous voulez parler d’acier, communiquez avec lui. Je suis convaincu qu’il se fera un plaisir de vous renseigner sur les plus et les moins de ce genre de construction.
Transporté par les lectures de Moitessier, il a construit son bateau dans son jardin qu’il a nommé avec les syllabes des trois femmes de sa vie. Il a pris gout aux navigations entre Montréal et les Antilles et Cuba, quitté son travail et fondé sa propre école de voile, qui a force de travail et de passion est devenue elle aussi une référence dans la belle province (ce qui n’est pas chose aisée dans le coin, cf témoignages ci-dessous)
Ça me rappelle mes rêves d’il y a 30 ans. Lors de la première Transat Québec St-Malo j’avais 32 ans plein d’énergie de rêve et de temps. Or tous ceux qui faisait déjà de la voile avec la promo et tout se disait waaa la voile va prendre de L’AMPLEUR et on se voyait tous faisant du charter ici l’été et dans le sud l’hiver. Mis à part Normand Desbiens (Damacha) peu ont réussis. 29 ans plus tard la situation demeure la même. Les années où j’ai fait du charter et formation je changeais 4 trente sous pour une piastre une fois les assurances payés. Il n’en restait pas beaucoup une chance que j’avais autre chose car j’aurais été à la soupe populaire.
Ou encore :
Pour ne pas les oublier, s’il se fait de l’enseignement de la voile aujourd’hui, c’est grâce à des pionniers dont voici une liste probablement incomplète:
Rosaire Bérubé, Bernard Blanchard, Normand Corbeil, Normand Desbiens, Henri Didillon, Edith Massicotte, Robert Choquette, Pierre Raymond
Mais aussi :
Tu pourrais toujours en parler avec Normand Desbiens de Damacha Yachting..
Je crois que c’est lui le premier intrépide qui a OSÉ se présenter à Cuba.
Pour ma part après avoir fait quelques voyages à Cuba …Air Transat aller et retour, hôtel tout compris ect…pas de problème…. Je trouve que c’est une excellente destination.
Mais de là à y aller avec mon bateau … NON MERCI…. Trop compliqué.
Aussitôt que tu sors du patern touriste tout compris (et bien encadré même si rien n’y parait) tu vas te ramasser avec une montagne de contraintes burocratiques de fonctionnaires alors là… pas pressés à n’en plus finir.
Repartir en avion…&?&%/%&*(&$”!/$ …. T’es pas sorti du bois!
Normand a fini par prendre sa retraite et laisser l’école et ses 11 bateaux a une nouvelle génération de marins (http://www.damacha.qc.ca/) mais a gardé Damacha.
Puis après deux ans sans mettre le bateau à l’eau il a décidé de s’en séparer. Nous étions plusieurs marins sur l’achat du bateau et c’est notre projet qui, semble t’il a fait la différence.
Nous nous rendons compte de la responsabilité dont nous avons hérité en achetant ce bateau ce qui nous motive encore plus à faire de ce projet quelque chose qui nous tienne vraiment à cœur, à se forcer à faire les choses telles que nous les voulons vraiment, même si ça prend du temps et de l’énergie et que l’on doit repousser le départ …